Georges Arnaud
À propos de l’auteur
La vie de Georges Arnaud (pseudonyme d’Henri Girard, 1917-1987) est marquée par deux séjours en prison, suivis de deux procès retentissants. Le premier, c’est en 1941. Il est accusé d’avoir assassiné, le 25 octobre 1941, son père, sa tante et la bonne, à coups de serpe, dans la demeure familiale d’Escoire, en Périgord. Les circonstances mystérieuses du drame (aucun témoin, absence de mobile, pas de traces d’effraction) font de lui un suspect idéal. Bien qu’il crie son innocence, il passe dix-neuf mois en prison, jusqu’à son procès, le 2 juin 1943. Alors qu’il risquait la peine de mort, Arnaud est acquitté grâce à l’intervention magistrale de l’avocat Maurice Garçon, ancien ami de son père. L’affaire d’Escoire ne sera cependant jamais élucidée et certains continueront à le dire coupable.
Henri Girard veut ensuite se faire oublier et se fait alors appeler Georges Arnaud. Après avoir dépensé rapidement l’héritage familial, criblé de dettes, il s’embarque pour l’Amérique du Sud en mai 1947 où il devient chercheur d’or, barman ou chauffeur de camions. Il en reviendra en 1949, avec la matière de ses premiers romans et publie, en 50, Le salaire de la peur, avec le succès que l’on sait, accentué par celui du film de Clouzot.
Arnaud sera emprisonné une seconde fois à l’époque de la guerre d’Algérie.
Dans le collimateur du pouvoir pour avoir écrit en 1957 un livre (cosigné par Jacques Vergès) Pour Djamila Bouhired — dans lequel il tentait de sauver de la peine de mort la militante du FLN, tout en alertant l’opinion publique sur les tortures infligées par l’armée française aux indépendantistes algériens —, il est arrêté et incarcéré en 1960 pour ne pas avoir dénoncé les participants à une conférence de presse en faveur de l’indépendance de l’Algérie qui s’était déroulée dans un grand hôtel parisien. Il reçoit lors d’un retentissant procès le soutien de Joseph Kessel, Jean-Paul Sartre, Jacques Prévert, François Maspero, André Frossard et d’autres personnalités. On s’élève à la fois contre la tentative de violation du secret professionnel, dont Arnaud bénéficie en tant que journaliste et, de plus en plus, contre la pratique de la torture en Algérie qui constitue le véritable enjeu de ce procès. Georges Arnaud passe deux mois en prison. Il profite du scandale occasionné pour demander non seulement son acquittement mais aussi des excuses de la part de l’armée, et il sera condamné à deux années d’emprisonnement avec sursis. Ce verdict sera finalement annulé par la cour de cassation.
Ces procès sont les deux pivots de la vie souvent rocambolesque de Georges Arnaud. A ce titre, ce petit livre, Schtilibem 41, méritait de sortir de l’oubli. On comprend, à sa lecture, qu’Arnaud consacrera sa vie à faire payer la machine judiciaire pour la façon dont elle traitait, ou traite, les accusés, innocents ou coupables.
Bibliographie
- Le salaire de la peur, Julliard, 1950.
- Le voyage du mauvais larron, Julliard, 1951. (édition revue et corrigée, Le Pré aux Clercs, 1987)
- Lumière de soufre, Julliard, 1952.
- Schtilibem 41, Julliard, 1953.
- Prison 53, Julliard, 1953.
- Les oreilles sur le dos, Éditions du Scorpion, 1953. (édition revue et corrigée, Julliard, 1974 ; puis Phébus, 1997)
- Les aveux les plus doux, Julliard, 1954.
- Indiens pas morts, Delpire, 1956.
- Pour Djamila Bouhired, Éditions de Minuit, 1957. (édition revue et corrigée, Éditions de Minuit, 1961)
- Maréchal P…, Éditeurs Français Réunis, 1958.
- La plus grande pente, Julliard, 1961.
- Mon procès, Éditions de Minuit, 1961.
- L’affaire Peiper, Atelier Marcel Jullian, 1978.
- Chroniques du crime et de l’innocence, Lattès, 1982.
- Juste avant l’aube, en collaboration avec Jean Anglade, Presses de la Cité, 1990.